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Pourquoi le rhinocéros est-il en danger ?

La corne de rhinocéros est autant convoitée que l’or ou la cocaïne

Présents sur Terre depuis 55 millions d’années, les rhinocéros étaient des centaines de milliers au début du XXe siècle. Aujourd’hui, ils ne seraient que 27 000 à l’état sauvage, partagés entre l’Afrique et l’Asie. Certaines espèces sont même déjà éteintes. Malgré tout, en Afrique du Sud, le braconnage a explosé de plus de 9 000% en 10 ans !

Le braconnage

C’est la première menace. Alors que son commerce est strictement interdit depuis 40 ans, le rhinocéros est toujours chassé pour sa corne. Elle est utilisée dans les cultures asiatiques pour ses pseudo-vertus thérapeutiques non prouvées scientifiquement (boost aphrodisiaque, guérison de maux de tête, de fièvres ou du cancer...).

La perte de son habitat

En plus d'être braconné, le rhinocéros voit son territoire se réduire (surtout en Asie et en Inde). L’augmentation de la population, la construction d’habitations, de routes, de barrages, de zones agricoles et commerciales fragmentent son habitat. Les rhinocéros se rassemblent alors en petits groupes, les rendant plus fragiles face aux maladies ou à la consanguinité.

Rhinocéros d'Afrique
Crédit photo : Frans Van Heerden - Pexels.com
Jeune rhinocéros d'Afrique
Crédit photo : Anthony - Pexels.com
Pourquoi la disparition du rhinocéros est-elle préoccupante ?

Le rhinocéros est un ingénieur de l’écosystème

Le rhinocéros a un statut très préoccupant : pour certaines espèces, il ne reste que quelques dizaines d’individus au monde, comme les rhinocéros d’Asie de Sumatra (moins de 100 individus au monde) ! Pourtant, l’animal a des interactions concrètes avec son environnement.

D’un point de vue économique, le rhinocéros permet à toute une population de vivre des retombées du tourisme. Les pays qui abritent ces animaux vivent en partie des excursions safaris proposées pour faire découvrir les paysages locaux et la faune qu’ils abritent. Lorsque le braconnage est intense, l’afflux touristique diminue car les touristes ne veulent pas être spectateurs de cette violence et ne se sentent pas en confiance.

D’un point de vue environnemental, la savane ne serait certainement pas la même sans les passages répétés des rhinocéros : elle serait plus vide et moins variée. Herbivore, le rhinocéros a été caractérisé par certains scientifiques comme une tondeuse “sélective”. A la différence de l’éléphant, le rhinocéros n’arrache pas toute la plante, il ne fait que tondre. Ce procédé permet à la plante de se régénérer rapidement en gardant intactes ses racines. Il ne “tond” pas non plus toutes les espèces végétales et en épargne certaines. La sélectivité de son régime alimentaire maintiendrait une diversité végétale dont beaucoup d’autres espèces animales herbivores dépendent (gazelle, zèbre, antilope).

Ce mode d’alimentation - le broutage - permet aussi de maintenir les forêts saines et d’empêcher la propagation des feux de broussailles en aérant le couvert végétal. En effet, avec le réchauffement climatique, la fréquence des feux de broussailles a augmenté. Cette tonte régulière permet d’entretenir cet écosystème et de le préserver.

Le rhinocéros vit en symbiose avec d’autres animaux comme les pique-boeufs, petits oiseaux souvent perchés sur le dos de leur hôte. L’oiseau fait office d’aide-ménager, de vigie et d’infirmier :

  • Le rhinocéros lui fournit la nourriture - les tiques et autres insectes présents à la surface de sa peau. En contrepartie, l’oiseau débarrasse l’animal de ses parasites.
  • Le rhinocéros tire aussi partie de la vue aiguisée de son compagnon car le mammifère a une très mauvaise vue. Lorsqu’il y a un danger, l’oiseau émet de petits cris tout en s’envolant.
  • Le pique-boeuf lui nettoie également ses blessures en mangeant les tissus morts autour de la plaie, ce qui évite l'infection.

Tout comme l’éléphant, le rhinocéros nourrit également le bousier, petit insecte se nourrissant des crottins d’herbivores. Cet insecte participe au maintien et au renouvellement de différentes espèces végétales de la forêt et des savanes.

Rhinocéros d'Asie
Crédit photo : Axel Blanchard - Pexels.com
Pourquoi est-il difficile de protéger le rhinocéros ?

Derrière le trafic de corne de rhinocéros se mêlent violences, enjeux financiers colossaux et crime organisé international

L’Afrique du Sud concentre à elle seule 80% des spécimens sauvages restants. C’est donc sur ce territoire encore profondément marqué par le racisme et la pauvreté que se déroule la majorité du braconnage - et ce, jusque dans les parcs nationaux.

Une forte demande en Chine et au Vietnam

La demande émane de la classe moyenne et supérieure de la Chine et du Vietnam, des pays qui ont vu leur niveau de vie s’améliorer ces dernières années. Dans ces cultures, consommer de la corne de rhinocéros est un signe extérieur de réussite sociale et de pouvoir - tout comme avec le tigre. Offrir un objet en corne de rhinocéros est également très bien vu pour sceller un contrat commercial, à cause de sa rareté et de son prix.

La forte demande est aussi poussée par les vertus soi-disant thérapeutiques de la corne : en 2010, une rumeur raconte qu’un ministre vietnamien aurait guéri d’un cancer grâce à la corne de rhinocéros. Dès lors, la demande en corne a explosé sur le marché noir. Mais la corne n’est autre que de la kératine, comme nos ongles ou les sabots des chevaux ! Jamais une étude scientifique n’a démontré son efficacité dans le domaine médical.

Un moyen de survie dans un contexte de pauvreté et de tensions raciales

L’Afrique du Sud est un pays économiquement fragile où 50% des habitants vivent avec moins de 1€/jour. La plupart des braconniers de rhinocéros viennent du Mozambique, voisin frontalier encore plus pauvre. Cette chasse interdite fait vivre toute une communauté, du tireur à “l’indic”, en passant par le sorcier du village appelé pour protéger les braconniers. Car la corne rivalise avec l’or ou la cocaïne et sa rareté poussent les prix à flamber :

  • 1 kilogramme de corne de rhinocéros peut valoir entre 40 000€ et 60 000€. A titre de comparaison, 1 kilogramme d’ivoire d’éléphant peut valoir jusqu’à 4 000€, soit 10 fois moins.
  • En 2019, 1 kilogramme d’or valait 44 000€
  • En 2017, 1 kilogramme de cocaïne coûtait autour des 35 000€
  • Le chasseur peut toucher jusqu’à 5 000€ pour l’abattage d’un spécimen, soit 1 an de salaire.

Les conflits raciaux, encore très vifs en Afrique du Sud, viennent brouiller les intentions des défenseurs des animaux qui sont majoritairement blancs et plus aisés financièrement.

Un réseau criminel international et sans limites

Le braconnage d’espèces sauvages est le quatrième réseau criminel international après la drogue, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains. Avec l’argent généré par ce commerce illégal, les braconniers peuvent acquérir du matériel sophistiqué : appareils de vision nocturne, hélicoptères, drones, armes de pointe… Une concurrence souvent déloyale face aux moyens modestes mis en oeuvre par les polices locales.

D’un point de vue organisationnel, le réseau s’appuie sur un maillage international souvent commun avec les autres réseaux criminels : les chasseurs, majoritairement pauvres, viennent des pays d’origine de l’animal ou frontaliers. La marchandise transite ensuite par l’Europe ou les Etats-Unis pour revenir vers l’Asie où sont localisés les riches commanditaires. Il devient alors difficile pour les douanes et autres services policiers de suivre ces marchandises parmi la montagne de colis expédiés chaque jour à travers le monde.

La valeur d’une corne de rhinocéros est tellement colossale qu’en France, en 2017, un rhinocéros a même été abattu au zoo de Thoiry, dans les Yvelines. En 2011, en Charente-Maritime, on a volé la corne d’un rhinocéros empaillé dans un musée.

Une lutte bien difficile face à la corruption générale

Malgré les efforts des parcs, réserves et ONG, il est difficile de lutter contre la corruption organisée par les puissantes mafias locales. Toutes les professions peuvent être corrompues : officiers anti-braconnages, policiers, magistrats, guides touristiques… Ces réseaux criminels ont parfois le soutien des populations locales car une petite partie de l’argent généré sert à la construction d'infrastructures vitales pour les villages.

L'aide à la protection de l'animal arrive bien souvent par l'intermédiaire d'initiatives privées (milices privées ou ONG). Elles se sentent souvent impuissantes face à l’arsenal et à l’organisation des braconniers, mais aussi face à l’étendue immense des territoires à protéger.

Préserver le rhinocéros va donc au-delà de sa simple protection physique. Il y a tout un écosystème financier, culturel et international à prendre en compte, d’où la complexité à enrayer rapidement le braconnage.

Crédit photo : Ken Goulding - unsplash.com
Comment aider le rhinocéros ?

Protéger le rhinocéros, c’est être responsable dans sa consommation et sa pratique touristique

Crédit photo : Wikilmages - pixabay.com

Pas de produits issus du rhinocéros

Quelle évidence que de boycotter tous les produits et médicaments issus du rhinocéros ! Le premier levier à actionner pour protéger l’animal est d’endiguer la demande. En tant que touriste curieux, si nous expérimentons une boisson ou un médicament issu de la corne de rhinocéros lors d’un voyage, nous contribuons à son extinction.

Crédit photo : ashimDsilva - unsplash.com

Pratiquer l'écotourisme

Pratiquer un tourisme responsable, c’est permettre aux communautés locales d’avoir un revenu décent lié à la préservation du rhinocéros : entrées des parcs et réserves, hébergements, restauration, souvenirs raisonnés… C’est inscrire dans une économie pérenne les populations locales en favorisant des pratiques responsables. C’est aussi être un touriste humble et comprendre que certaines de nos actions ou achats ne sont pas compatibles avec la préservation des espèces.

Crédit photo : Nattanan Kanchanaprat - pixabay.com

Investir dans les placements financiers

Certaines sociétés proposent des placements financiers à long terme pour la préservation de la faune mondiale. L’argent placé est utilisé pour développer des plans de sauvegarde des rhinocéros (embauches de rangers, extension des terrains…). Par exemple, les intérêts - entre 2 et 5% - ne pourront être perçus que si la population de rhinocéros noirs augmente au bout des 5 ans définis. Dans le cas contraire, l’investissement est perdu. Attention tout de même : la mise de départ serait de 1 million de dollars, donc réservé à une élite.

Crédit photo : Joan Costa - pexels.com

Aider les ONG ou associations

Pour aider le rhinocéros, nous pouvons toujours soutenir financièrement ou bénévolement une association qui oeuvre à la protection de l’espèce et de son territoire : soutenir les initiatives locales de développement économique, la formation poussée des rangers et douaniers, la pose de puces électroniques sur les rhinocéros, la sensibilisation auprès des dirigeants vietnamien sur la protection de l’espèce, la lutte contre le racisme… Les missions sont vastes !

Crédit photo : Lee Ann Nicholls - pexels.com

Adopter le raccourcissement des cornes

Dans de nombreux zoos et parcs animaliers, la seule solution vraiment efficace pour lutter contre l’abattage illégal de ces animaux semble être le limage des cornes. Une fois sa corne raccourcie, le rhinocéros n’a plus de valeur marchande aux yeux des braconniers. La corne repoussera car elle est constituée de kératine, tout comme nos ongles. Cette opération reste donc à renouveler pour les protéger.

Crédit photo : TeeFarm - pixabay.com

Mieux connaître les rhinocéros

Apprendre à les connaître, s’instruire à leur sujet, c’est déjà beaucoup pour les aider car cela forge un comportement plus responsable et respectueux envers la Nature. Se renseigner via Internet, les livres, la radio, les magazines, les reportages télé, les podcasts… Tout est bon à prendre, du moment que les sources sont sérieuses.

Crédit photo : Frans Van Heerden - pexels.com
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Pourquoi le rhinocéros fascine-t-il ?

Le rhinocéros est le deuxième plus gros mammifère terrestre, après l’éléphant

Suivant les espèces, il peut peser jusqu'à 2,5 tonnes.

Crédit photo : Marie Lemaistre - pexels.com

Génétiquement parlant, les rhinocéros sont plus près des zèbres que des hippopotames ou des éléphants

Ils n’ont pas de prédateurs naturels mais restent très peureux et chargent à la moindre suspicion de danger

La corne de rhinocéros est faite de kératine, la même protéine que nos ongles ou les sabots des animaux.

Le rhinocéros d’Afrique possède 2 cornes, celui d’Asie 1 seule.

Crédit photo : MonicaP - Pixabay.com

Ils utilisent leurs excréments - dispersés à la façon d’un “ventilateur” - pour marquer leur territoire et communiquer avec leurs semblables.

Une corne pourtant bien utile

Si la corne de rhinocéros existe, c’est qu’elle a plusieurs fonctions.

D'abord, elle permet à l'animal de se défendre et de connaître son rang social. Lors d’une première rencontre, les rhinocéros peuvent croiser leur corne comme dans un combat de cape et d’épée. Les animaux se donnent des coups pour mesurer leur force physique, jusqu’à ce que l’un d’eux cède et soit ainsi vaincu.

Cette corne lui sert également d’arme de défense. Lorsque l’animal se sent attaqué, il charge vers la source de nuisance, la corne bien en avant. Cela le protège de ses prédateurs qui redoutent ses coups de cornes pointues et parfois mortelles.

Sa corne peut également lui servir à se nourrir et l’aider à casser ou à “attraper” des branches de broussailles pour pouvoir les manger, un peu comme les défenses des éléphants.

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