Une pêche intensive pratiquée sur un territoire immense
Il est difficile de protéger la tortue lorsque la demande en produits issus de la mer est si forte. Cela pousse les armateurs à pratiquer la pêche intensive et les gouvernements à l'autoriser pour stimuler leur économie.
La pêche excessive consiste en l'utilisation d'énormes filets de pêche qui raclent les fonds marins, sans distinction des espèces ni de leur âge. La tortue marine se retrouve alors emprisonnée et ne peut plus remonter respirer. Point positif : depuis les années 1990, un nouveau type de filet de pêche dédié à la pêche à la crevette a été créé, le TED (Turtle Excluder Device). Il réduit de 97% la prise accidentelle de tortues marines mais aussi de requins, dauphins, raies, ou tout animal supérieur à 10 cm. Par contre, remplacer un stock de filets de pêche a un coût, que le pêcheur ou l’armateur doivent assumer seuls pour l'instant.
Le manque de volonté politique pour limiter ce type de pêche est flagrant car l'industrie de la pêche fait vivre toute une partie de la population mondiale et le vaste territoire maritime semble être rempli de ressources inépuisables.
D'ailleurs, ce territoire immense peut être un avantage pour la survie de la tortue mais aussi un inconvénient : comment un pays peut-il la protéger efficacement si elle traverse sans cesse plusieurs eaux nationales et internationales, à la législation différente ?
Le braconnage comme moyen de survie
La viande de tortue a malheureusement une forte valeur commerciale : en 2017, elle se vendait 40 € par kilogramme sur le marché noir (contre 15 - 20 € par kilogramme pour le cabillaud par exemple). La Chine ou la Polynésie sont prêts à payer le prix fort pour manger de la tortue et favorisent ainsi en partie le braconnage.
Ce commerce illégal a lieu dans des zones à revenus modestes. Le braconnage est nécessaire à la survie de certaines communautés car elles ne voient pas d’autres alternatives pour gagner leur vie. C’est pourquoi certains gouvernements ont créé des politiques d’incitations à la protection des tortues marines, en rémunérant tout pêcheur qui ramènerait une prise accidentelle vivante.
Les produits issus du braconnage sont ensuite écoulés via Internet, ce qui rend difficile leur contrôle parmi les millions de colis échangés chaque jour dans les aéroports et ports maritimes du monde.
Un tourisme de masse aux conséquences néfastes
Paradoxalement, la tortue marine reste difficile à protéger car elle est victime de sa popularité. Les touristes viennent la voir pondre ou plonger avec elle. Ce tourisme de masse nécessite la construction d’infrastructures (hébergements, routes, ports) empiétant ainsi sur son espace de ponte. Couplé à l'augmentation du trafic maritime touristique, ces constructions exercent une pression supplémentaire sur les lieux de chasse de la tortue marine comme les récifs coralliens.
Les touristes poussent au braconnage lorsqu'ils goûtent des boissons aphrodisiaques à base de tortue ou achètent des souvenirs en écaille ou en cuir de tortue marine - un artisanat local développé depuis des générations sur certains territoires et démontrant un vrai savoir-faire technique.
Des habitudes ancestrales difficiles à abandonner
La tortue est un animal qui a un ancrage profond dans certaines cultures, source de mythes mais aussi source de nourriture et de protéines pour beaucoup d’îles. Pendant des siècles, la viande de tortue ou ses oeufs étaient des moyens de subsistances pour des cultures tropicales. Les habitudes peuvent être compliquées à défaire, malgré la menace d’extinction.
Un plastique omniprésent dans les océans
La tortue marine a beau vivre dans un territoire vaste, elle se retrouve constamment confrontée aux déchets plastiques. Issus des activités marines (matériel de pêche) ou des résidus rejetés par nos cours d’eau (agriculture et industrie), le plastique se laisse transporter entier ou décomposé en micro-particules vers le large. Flottant à la surface, ce plastique est ingéré par les proies de la tortue ou par la tortue elle-même mais il finira dans tous les cas dans son estomac. Un vrai fléau pour sa survie !
Un mode de reproduction compliqué
Protéger la tortue marine dès maintenant est indispensable car son mode de reproduction est fragile. Sa maturité sexuelle est lente, autour des 20 ans avant de pouvoir procréer. Elle ne pond que tous les 3 à 5 ans et ses chances de survie à la naissance sont très faibles (entre 1 sur 100 et 1 sur 1000) car elle sera la proie de divers prédateurs dès ses premiers instants.