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Pourquoi la tortue est-elle en danger ?

L’environnement de la tortue marine est fragilisé en mer comme sur terre

La tortue marine a traversé l’histoire des âges. Présente depuis des millions d’années, elle se retrouve aujourd’hui en situation précaire car les actions humaines modifient son environnement.

Le braconnage

La chasse à la tortue marine est majoritairement interdite, mais on continue de la braconner pour la consommer (viande, gras, oeufs) et pour la transformer en produits finis : souvenirs empaillés pour touristes, artisanat de luxe avec l’écaille de sa carapace, boisson à base de pénis de tortue aux propriétés soi-disant aphrodisiaques...

Les prises accidentelles

Pêchant la même nourriture qu'elles, les chalutiers remontent souvent dans leur immense filet des tortues prises au piège. Elles se retrouvent également accrochées aux hameçons de la pêche à la palangre. Dans tous les cas, elles ne peuvent plus remonter respirer et se noient. 150 tortues peuvent mourir en un passage de filet.

La dégradation de l'habitat

Les plages, sites de nidification des tortues, se retrouvent dégradées par le tourisme de masse et ses infrastructures. Les lumières des villes perturbent les nouveaux-nés pour atteindre la mer. L'action de l'Homme détériore aussi leurs lieux de nourrissage, comme les récifs coralliens.

La pollution des océans

La pollution au plastique tue la tortue marine : elle confond sacs plastiques et méduses et meurt étouffée. La pollution chimique des océans (due aux activités maritimes, agricoles ou industrielles) l'empoisonne et serait à l’origine d’une maladie qui lui est propre : la fibropapillomatose.

Tortue marine prête à pondre
Crédit photo : Diego De La Roca - pixabay.com
Tortue imbriquée
Crédit photo : Belle Co - pexels.com
Pourquoi la disparition de la tortue est-elle préoccupante ?

La tortue marine interagit avec le monde marin et terrestre

Sensible aux variations de son environnement, elle nous permet d’établir un lien entre sa présence et la bonne santé d'un écosystème.

La tortue marine est opportuniste et peut être herbivore ou carnivore. Elle peut donc réguler plusieurs populations d’êtres vivants comme les bigorneaux des marais, les éponges ou les méduses - des espèces au mode de reproduction rapide avec très peu de prédateurs. Sans son intervention, certains écosystèmes seraient nocifs et infertiles.

La tortue marine est aussi la proie d’autres animaux marins et terrestres : crabes, requins côtiers, orques, renards, chiens errants et oiseaux se nourrissent de sa chair, qu’elle soit adulte, dans son oeuf ou juste après son éclosion. Elle fait le lien entre l’habitat marin et terrestre et permet à plusieurs autres espèces de vivre.

Certaines espèces de tortues, comme la tortue caouanne, creusent constamment dans le sable à la recherche de petits crustacés. En creusant, elles mettent au jour tout un tas de nutriments enfouis et en enterrent d'autres. Elles participent donc à renouveler les sols marins.

Ponte d'une tortue
Crédit photo : Juanma Clemente Alloza - unsplash.com
Pourquoi est-il difficile de protéger la tortue ?

Son territoire est si vaste qu’il est difficile de protéger la tortue marine

Les menaces s'opèrent sur plusieurs fronts : sa survie dépend de mesures politiques et économiques, mais aussi de notre mode de consommation futur.

Une pêche intensive pratiquée sur un territoire immense

Il est difficile de protéger la tortue lorsque la demande en produits issus de la mer est si forte. Cela pousse les armateurs à pratiquer la pêche intensive et les gouvernements à l'autoriser pour stimuler leur économie.

La pêche excessive consiste en l'utilisation d'énormes filets de pêche qui raclent les fonds marins, sans distinction des espèces ni de leur âge. La tortue marine se retrouve alors emprisonnée et ne peut plus remonter respirer. Point positif : depuis les années 1990, un nouveau type de filet de pêche dédié à la pêche à la crevette a été créé, le TED (Turtle Excluder Device). Il réduit de 97% la prise accidentelle de tortues marines mais aussi de requins, dauphins, raies, ou tout animal supérieur à 10 cm. Par contre, remplacer un stock de filets de pêche a un coût, que le pêcheur ou l’armateur doivent assumer seuls pour l'instant.

Le manque de volonté politique pour limiter ce type de pêche est flagrant car l'industrie de la pêche fait vivre toute une partie de la population mondiale et le vaste territoire maritime semble être rempli de ressources inépuisables.

D'ailleurs, ce territoire immense peut être un avantage pour la survie de la tortue mais aussi un inconvénient : comment un pays peut-il la protéger efficacement si elle traverse sans cesse plusieurs eaux nationales et internationales, à la législation différente ?

Le braconnage comme moyen de survie

La viande de tortue a malheureusement une forte valeur commerciale : en 2017, elle se vendait 40 € par kilogramme sur le marché noir (contre 15 - 20 € par kilogramme pour le cabillaud par exemple). La Chine ou la Polynésie sont prêts à payer le prix fort pour manger de la tortue et favorisent ainsi en partie le braconnage.

Ce commerce illégal a lieu dans des zones à revenus modestes. Le braconnage est nécessaire à la survie de certaines communautés car elles ne voient pas d’autres alternatives pour gagner leur vie. C’est pourquoi certains gouvernements ont créé des politiques d’incitations à la protection des tortues marines, en rémunérant tout pêcheur qui ramènerait une prise accidentelle vivante.

Les produits issus du braconnage sont ensuite écoulés via Internet, ce qui rend difficile leur contrôle parmi les millions de colis échangés chaque jour dans les aéroports et ports maritimes du monde.

Un tourisme de masse aux conséquences néfastes

Paradoxalement, la tortue marine reste difficile à protéger car elle est victime de sa popularité. Les touristes viennent la voir pondre ou plonger avec elle. Ce tourisme de masse nécessite la construction d’infrastructures (hébergements, routes, ports) empiétant ainsi sur son espace de ponte. Couplé à l'augmentation du trafic maritime touristique, ces constructions exercent une pression supplémentaire sur les lieux de chasse de la tortue marine comme les récifs coralliens.

Les touristes poussent au braconnage lorsqu'ils goûtent des boissons aphrodisiaques à base de tortue ou achètent des souvenirs en écaille ou en cuir de tortue marine - un artisanat local développé depuis des générations sur certains territoires et démontrant un vrai savoir-faire technique.

Des habitudes ancestrales difficiles à abandonner

La tortue est un animal qui a un ancrage profond dans certaines cultures, source de mythes mais aussi source de nourriture et de protéines pour beaucoup d’îles. Pendant des siècles, la viande de tortue ou ses oeufs étaient des moyens de subsistances pour des cultures tropicales. Les habitudes peuvent être compliquées à défaire, malgré la menace d’extinction.

Un plastique omniprésent dans les océans

La tortue marine a beau vivre dans un territoire vaste, elle se retrouve constamment confrontée aux déchets plastiques. Issus des activités marines (matériel de pêche) ou des résidus rejetés par nos cours d’eau (agriculture et industrie), le plastique se laisse transporter entier ou décomposé en micro-particules vers le large. Flottant à la surface, ce plastique est ingéré par les proies de la tortue ou par la tortue elle-même mais il finira dans tous les cas dans son estomac. Un vrai fléau pour sa survie !

Un mode de reproduction compliqué

Protéger la tortue marine dès maintenant est indispensable car son mode de reproduction est fragile. Sa maturité sexuelle est lente, autour des 20 ans avant de pouvoir procréer. Elle ne pond que tous les 3 à 5 ans et ses chances de survie à la naissance sont très faibles (entre 1 sur 100 et 1 sur 1000) car elle sera la proie de divers prédateurs dès ses premiers instants.

Crédit photo : Jeremy Bishop - pexels.com
Comment protéger la tortue marine ?

Aider la tortue marine, c’est se poser des questions avant de consommer

Crédit photo : proantic.com

Boycotter les produits dérivés des tortues

Bien évidemment, si nous souhaitons protéger la tortue, nous n'en mangeons pas, même par curiosité. Dans le même registre, nous n'achetons pas de produits confectionnés avec l'écaille ou le cuir de tortue, même si c'est de seconde main car cela contribue à donner une valeur marchande à une espèce fragile. Acheter c’est cautionner.

Crédit photo : Lawrence Hookham - unsplash.com

Privilégier la pêche durable

Privilégier la pêche durable c’est choisir une pêche qui cible les espèces au renouvellement rapide, en petite quantité, avec des techniques respectueuses et adaptées à la saisonnalité des espèces. Les labels ASC, Bio ou MSC sont controversés par plusieurs associations et ONG. Du coup, à nous de choisir des techniques de pêche durable en vérifiant les étiquettes : pêche à la ligne, au casier (nasse), ou à la main. La pêche à la palangre, responsable de la mort de beaucoup de tortues, est à éviter. Consommons moins mais mieux.

Crédit photo : Maggie Collins - unsplash.com

Pratiquer un tourisme responsable

Lors de la saison de ponte, nous évitons les plages : marcher ou rouler sur le sable le tasse et il devient difficile pour la tortue de creuser pour y pondre. Nous ne visitons pas ces fermes permettant de tenir un bébé tortue dans ses mains ou même de le manger ! Respect et bon sens sont de mise ! Privilégier l’écotourisme, c’est donner l’occasion aux populations locales de comprendre qu’elles peuvent vivre d’un commerce légal qui préserve l’animal, comme avec l'exemple du village d’Ebodjé au Cameroun.

Crédit photo : Kokil Sharma - pexels.com

Changer nos habitudes de consommation

Pour aider les tortues, il nous faut réduire drastiquement notre consommation de plastique. Commençons petit à petit pour que ça soit pérenne : diminution des emballages, matières plus naturelles, objets réutilisables... C'est peut-être une goutte d'eau dans l'océan, mais on fait notre "part du colibri". Nous n'aidons pas que les tortues en faisant ce choix, nous aidons la faune marine et nous nous aidons nous-même !

Crédit photo : Kanenori - pixabay.com

Adapter notre habitat

Si nous avons une maison ou un commerce en bord de plage, veillons à enlever les éclairages permanents nocturnes ou à utiliser des lumières rouges : au moment de l’éclosion des oeufs, les bébés tortues peuvent confondre la lumière du jour qui se lève à l'horizon avec la lumière des villes et ne jamais atteindre la mer.

Crédit photo : CESTMed

Sensibiliser les pêcheurs

Certains pêcheurs sont sensibilisés à leur impact sur les populations de tortues marines. Ils peuvent intervenir en investissant dans des dispositifs de filets plus sélectifs (filet TED), mais aussi en récupérant les prises accidentelles de tortues et en les ramenant sur terre auprès d’organismes compétents (comme le CESTMed en Méditerranée) qui les soigneront pour ensuite les relâcher.

Crédit photo : Startup Stock Photos - pexels.com

Mieux connaître les tortues

Apprendre à les connaître, c’est déjà beaucoup pour les aider car cela forge un comportement plus responsable et respectueux envers la Nature. Nous nous renseignons via Internet, les livres, la radio, les magazines, les reportages télé, les podcasts… Tout est bon à prendre, du moment que les sources sont sérieuses.

Crédit photo : Pexels - pixabay.com
Crédit photo : Hakan Tas - unsplash.com
Pourquoi la tortue marine fascine-t-elle ?

La tortue marine existe depuis la nuit des temps et est chargée de symboles

La tortue marine a connu les dinosaures. Elle serait apparue au Crétacé, il y a 145 millions d’années

Crédit photo : David Troeger - unsplash.com

Animal terrestre au départ, elle en conserve certaines caractéristiques : respiration à la surface et oeuf enrobé d’une coquille de protection

Elle peut parcourir entre 100 et 1000 km pour sa migration en un mois

Elle peut aller jusqu’à 35 km/h sous l’eau. Pas si lente en fait cette tortue !

Elle revient pondre tous les 3-5 ans sur la même plage grâce à son sens « magnétique » de l’orientation

Crédit photo : David Mark - pixabay.com

Suivant les cultures, la tortue est un symbole de fertilité, de chance, de longévité, ou de lenteur

Une température de l’eau déterminante

Chez les reptiles comme les tortues, les crocodiles ou les alligators, le sexe du fœtus n’est pas déterminé pendant la fécondation mais durant leur développement grâce à la température de l’eau. Si les œufs sont incubés en dessous de 27,7°C, ce sera un mâle. Au delà de 31°C, ce sera une femelle. Entre les deux, cela se répartira aléatoirement entre mâles et femelles. On comprend donc aisément l’impact du réchauffement climatique car il pourrait y avoir un déséquilibre entre la part de mâles et de femelles dont on ne connaît pas vraiment les conséquences.

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