Un mode de reproduction fragile
Tout d'abord, la Nature a doté l’ours polaire d’un mode de reproduction lent, qui fragilise l'espèce lorsqu’un déficit se creuse. L’ours blanc n’atteint sa maturité sexuelle qu’autour de ses 5 ans. Il ne s'accouple ensuite qu'au printemps. S'en suit une période de gestation qui se met en "pause", le temps que la femelle trouve l'endroit idéal pour creuser sa tanière et mettre bas. Elle gardera sous sa protection ses petits (1 à 2 oursons) pendant environ 2 ans, laps de temps pendant lequel elle ne peut pas se reproduire.
Une opposition entre les locaux et les scientifiques
Le challenge de sa protection se poursuit au Canada, qui regroupe les ⅔ des ours blancs. Là-bas, les populations autochtones auraient tendance à dédramatiser la situation dépeinte par les scientifiques sur la disparition de l’animal. Elles vivent sur ces terres depuis plus de 1 000 ans et ne constatent pas la diminution du nombre d'ours. Elles seraient même confrontées de plus en plus souvent à la pénétration des ours sur leur territoire. Les équipes scientifiques pensent que cette impression est faussée par la réduction de la banquise, qui conduit l’animal à se rapprocher des habitations. S’il n’y a pas de confiance envers le monde scientifique, il devient alors difficile d’évaluer les mesures de protection à mettre en place et d’impliquer les populations locales à la sauvegarde de l’espèce.
Une chasse aux retombées économiques et politiques
La fourrure de l'ours blanc représente un potentiel mercantile fort et peut se monnayer jusqu’à 10 000 €. Cela pousse certains états, comme les Etats-Unis ou le Canada, à autoriser sa chasse.
En Alaska, en 2017, l’administration de D. Trump a autorisé la chasse à l’ours polaire jusque dans sa tanière, que l’animal soit adulte ou juvénile.
Au Canada, la chasse est plus encadrée mais répond à des enjeux politiques. Le Canada souhaite conserver l’adhésion des territoires Inuits à sa politique. De ce fait, l’Etat autorise la chasse à l’ours polaire pour permettre à ces populations d’acquérir une source de revenus non négligeable dans un territoire extrême. Cela leur permet aussi de conserver tout un pan de culture ancestrale. En terme de retombées financières, ce type de chasse est une aubaine : par exemple, en 2015, 10 jours de safari-chasse coûtait 30 000 € au touriste fortuné. Le chasseur Inuit - qui cède alors son droit de chasse au touriste étranger - pouvait gagner jusqu’à ⅓ du montant.
Une chasse qui fait débat auprès des ONG
Même les ONG n'arrivent pas à s'harmoniser sur les mesures à prendre pour protéger l'animal. Aujourd'hui, il existe un organisme, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), qui classe les espèces suivant leur statut d’extinction et établit ainsi les mesures de protection à prendre. Classée en “annexe 1”, l’espèce animale ne peut être vendue ou chassée à des fins commerciales. L’ours polaire est aujourd’hui en “annexe 2”, c’est à dire que son commerce est strictement encadré mais autorisé. Plusieurs ONG ne souhaitent pas voir l’ours blanc classé en "annexe 1" et sont alors accusées de corruption. Pour elles, interdire la chasse commerciale favorisera le braconnage, éteindra des traditions ancestrales et précarisera un peu plus la situation des populations locales.
Une exploitation commerciale de son territoire
À cette chasse se rajoute l'exploitation commerciale du territoire de l'ours blanc. Aux Etats-Unis, le gouvernement de D. Trump a récemment autorisé le forage minier dans des réserves naturelles jusqu'alors préservées, riches en ressources fossiles (gaz et pétrole). Ces sanctuaires naturels sont pourtant les zones de repos et de reproduction des femelles et de leurs petits.
En Russie, le discours politique est double : on encourage la création d’aires protégées pour préserver l’ours blanc mais on autorise également l’exploitation des ressources fossiles. Le pays mise aussi sur le réchauffement climatique qui devrait libérer des routes maritimes jusqu’alors bloquées par la banquise. Il y a plusieurs années, la Russie a même commencé à militariser ces zones hostiles en prévision de la fonte des glaces, ce qui a conduit le Canada et les Etats-Unis à suivre ce mouvement.
Un réchauffement climatique impossible à prédire
Mais la menace la plus complexe à évaluer reste le réchauffement climatique. Difficile d’aider l’ours polaire quand la température globale sur tous les continents et dans les océans monte et que la banquise fond de manière inhabituelle.