Un mode de reproduction lent
Il faut compter entre 10 et 16 mois de gestation pour une baleine, en sachant qu’elle ne met généralement au monde qu’un seul baleineau à la fois. L’âge de sa maturité sexuelle varie selon les espèces, mais il faut attendre près de 20 ans pour le cachalot par exemple avant que celui-ci ne soit apte à se reproduire ! Son mode de reproduction ne permet pas une reconstitution rapide des pertes liées à la chasse.
Un territoire vaste et sans frontières
Difficile de protéger une espèce avec un territoire si vaste ! La baleine a des routes migratoires qui lui permettent d'aller chercher de la nourriture au moment le plus opportun et traverser ainsi plusieurs eaux nationales et internationales. Où qu'elle aille, elle croise sur son chemin d'innombrables navires de pêcheurs, commerciaux ou de tourisme. Elle peut se retrouver dans les filets des pêcheurs, percutée par des bateaux ou désorientée par la pollution sonore. Mais elle peut aussi croiser des bateaux de baleiniers. Impossible d’imaginer une surveillance globale de son territoire, surtout lorsque certains états continuent d'autoriser sa chasse.
Une chasse à la baleine toujours active
En 1986, suite à l'impressionnante raréfaction de toutes les espèces de baleines, un traité international a été mis en place pour interdire sa chasse à des fins commerciales. Mais 3 pays contournent encore ce traité, aux yeux de tous : l’Islande, la Norvège et le Japon.
L’Islande et la Norvège se sont octroyés des quotas “responsables” : le stock de baleines dans leurs eaux nationales aurait augmenté, ce qui justifierait une reprise de la chasse. Par ce biais, ils maintiennent en vie toute une tradition ancestrale de baleiniers, fleuron de leur économie au début du XXème siècle. Mais la réalité économique actuelle ne permet plus la rentabilité du secteur car les coûts sont trop élevés malgré l’exportation vers le Japon de la majorité de leurs prises.
Quant au Japon, il contourne ce traité en justifiant des actions de recherches scientifiques sur la baleine, ce qui n'a jamais été démontré. Il reste le seul pays qui continue de la consommer véritablement en tant que viande. Là-aussi, il s'agirait plus de raviver une culture ancestrale chère à certains japonais. Il est toujours difficile de voir des traditions s'éteindre. Mais même au pays du Soleil Levant, la demande en viande de baleine a drastiquement chuté.
L'Antarctique, source de conflits géopolitiques
Une coopération internationale est envisagée avec la création d’une grande aire marine protégée qui doit voir le jour en Antarctique. Elle deviendrait la plus grande aire de protection au Monde et gèrerait durablement les ressources de ce territoire. Elle protègerait ainsi, entre autres, la baleine. Mais depuis 2010, la Russie et la Chine bloquent la validation du projet.
L’Antarctique est un enjeu politique car sous sa glace, il y aurait de nombreux gisements (charbon, gaz, pétrole…). Théoriquement, il n’est pas possible d’exploiter ses ressources pour les pays signataires du Traité de l’Antarctique (dont la Russie et la Chine). Mais de nombreux vides juridiques existent et ces 2 pays restent méfiants : avec la fonte des glaces, la position de certains états pourrait être ravisée aux vues des ressources économiques offertes par cette terre. La mise en place d'une aire protégée enterrerait certainement les perspectives d'exploitation commerciale. Malgré l’urgence à sauver certaines espèces, ces enjeux politiques et économiques bloquent la situation.
L'écotourisme, une alternative à la chasse ?
Si la baleine n'est plus consommée en tant qu'aliment, elle est fortement plébiscitée par les touristes qui se pressent sur des embarcations pour l'observer. C'est un secteur rentable aux retombées économiques multiples (hébergement, alimentation, transports, excursions...). Avec l'observation des baleines, le touriste peut avoir un impact sur la préservation de l'espèce et encourager une pratique qui lui semble plus respectueuse de l'environnement. On parle alors d'écotourisme.
Cependant, il faut être prudent car le tourisme d'observation des baleines peut causer du tort aux mammifères lorsque le va-et-vient incessant des bateaux motorisés est trop pressant. Cela perturbe leur sens de l'orientation et leur communication, engendre de la nuisance sonore ainsi que des collisions. Le tourisme de masse vient également avec son lot de pollution plastique et de dégradation de la Nature. La préservation des espèces est une question d'équilibre et de bon sens. A nous de définir des limites cohérentes et respectueuses de l'animal et de son environnement.